Dans la série « ils font appel au design et ils cartonnent ! », nous vous proposons une rencontre avec Charles Brun, l’un des trois fondateurs de See Concept, que nous avons interviewé.
See Concept, qu’est-ce que c’est ? Une jeune entreprise créée en 2010, qui conçoit et commercialise des lunettes de vue pour presbytes, avec leur quatre premiers produits : See’Up, See Home, See Magnet et Let Me See.
« Dès le début le design a joué un rôle fondamental », commente Charles. Que ce soit pour concevoir le produit, créer l’univers de marque ou innover, « sans design, la marque n’est rien » !
Tout commence avec See’Up, ce face-à-main imaginé par Quentin Couturier, un des trois fondateurs, et dessiné par sa sœur architecte. « On a beaucoup fait évoluer l’idée de départ en fonction des retours obtenus ». En fait, See’Up est né de trois convictions :
« Les plus de 40 ans passent leur temps à chercher leurs lunettes de lecture et 100% de la population est ou sera concernée par la presbytie, c’est universel, d’ailleurs, nos lunettes sont conçues pour s’adapter à toutes les formes de visages »
« On a voulu proposer un nouvel usage : la lunette à partager, disponible au guichet »
« On voulait arriver à quelque chose de joli, à la fois rétro et moderne, quelque chose de typiquement français »
Les lunettes, objet strictement personnel dans une approche traditionnelle, deviennent donc un objet de partage. Mais est-il facile de changer des usages bien ancrés ? Charles se souvient avec une pointe d’amusement que « beaucoup de gens, au début, pensaient que c’était un stylo et demandaient mais comment il fonctionne ce stylo ? ». Il y a donc eu un gros travail de pédagogie à mener : briefer les agents préposés aux guichets, rédiger des panneaux explicatifs, autant de tâches qui se sont révélées indispensable au succès de la marque.
Après ce premier succès, l’innovation se poursuit : See Concept lance la gamme See Magnet, des lunettes équipées d’un aimant qui se fixent sur le frigo. Fini l’éternel problème des lunettes qu’on ne retrouve plus !
Puis See Concept est revenu aux lunettes plus « traditionnelles », mais là encore, avec l’objectif d’y mettre de la nouveauté, en révolutionnant l’expérience quotidienne des lunettes. L’ambition de See Concept est d’être au monde de l’optique ce que Swatch est à la montre. Pourquoi ? Parce que « Swatch a été le premier à faire des montres pas chères mais sympa et très colorées. On change de Swatch en fonction de son humeur, de sa tenue. » Et Charles d’ajouter : « Nous aussi, on veut que tu changes de lunettes comme tu changes d’humeur ou de tenue. »
Swatch n’est pas le seul modèle d’ailleurs ; ainsi que l’explique Charles, « on a pris comme référence Swatch d’un côté, et Apple de l’autre. » Si Swatch a influencé le scénario d’usage, Apple a servi d’exemple pour l’emballage et la qualité : en effet l’emballage en carton 1000g, à l’esthétique sobre et élégante affiche une ressemblance certaine avec celui de l’IPhone. Et à l’intérieur de la boîte, la présentation est également très soignée : les lunettes sont délicatement placées dans une pochette de feutre gris. Tout cela pour susciter chez les clients le fameux « effet Wouaouh » qui a fait la célébrité d’Apple.
La qualité très poussée de l’emballage n’empêche pas une certaine dose d’humour, bien en rapport avec l’esthétique assez « pop » et décalée de See Concept : « presbyte forever », « la vue en rose », « I can see clearly now »…
Innover n’est donc pas un long fleuve tranquille. Mais pour See Concept, le jeu en a valu la chandelle. Fondée en 2010, l’entreprise affiche en 2012 un chiffre d’affaires de 400 000 € dont 30 % à l’export. La leçon que Charles tire de ce succès ? « Pour faire un bon produit, il faut de la qualité et du design ! ». Un mot pour les entreprises qui hésitent encore à faire appel au design ? « Allez-y à fond ! Car sans design, ce n’est pas possible d’être une marque forte ! »